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mercredi, 15 avril 2020

Un virus pharmakon ?

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DU CONFINEMENT SANITAIRE DES ÊTRES 

AUX CONFINS SALUTAIRES DE L’ÊTRE

 

     _____________

 Éric Coulon

 

Nous voilà assignés à résidence, confinés comme on dit, depuis plusieurs semaines. Ce fut soudain et cela durera, est-il annoncé, encore quelque temps.

C’est à une SITUATION exceptionnelle que nous avons affaire, les uns et les autres, les individus comme les collectifs ; difficile en effet de ne pas souscrire à un tel constat, même si je dois immédiatement nuancer cette concordance en précisant que ce caractère exceptionnel n’est pas dû seulement aux aspects biologiques, économiques, historiques ou sociaux communément et exclusivement admis par les autorités compétentes, les relais d’opinion ou les simples citoyens ─ certains défendant la thèse du retour de bâton du réel qui, ainsi, reprendrait le dessus ─ mais qu’il s’explique aussi, en profondeur, à partir d’autres facteurs humains qui, eux, sont significativement laissés de côté. Ce sont justement ces facteurs inapparents et écartés : psychologiques, philosophiques et spirituels, auxquels j’ai voulu m’intéresser. J’espère aussi parvenir à vous convaincre que ce confinement sanitaire auquel nous sommes astreints peut devenir une expérience individuelle salutaire.

La situation en question, c’est avant tout la pandémie qui s’est abattue et répandue de façon rapide sur la planète, engendrant finalement une crise sanitaire mondiale dont l’une des conséquences subies par les populations et les individus est de se retrouver soumis à un régime, plus ou moins strict selon les cas, de confinement. Quant à la cause d’une telle situation, mais également de cette (dé)mesure gouvernementale absolument inédite qu’est un confinement d’une telle ampleur, elle est dorénavant connue de nous tous : il s’agit d’un virus.

La présence et l’action du virus ont donné naissance à un consensus international ainsi qu’à un but commun, véritable cause d’intérêt général : surmonter la crise sanitaire, vaincre la maladie et, pour y parvenir, éradiquer la cause précédente, tout au moins son activité nocive et létale. Le virus incriminé est maintenant quasi unanimement désigné, tout au moins par les voix officielles et dominantes, comme notre ennemi, et, en conséquence, les pays adhérant à ce consensus se sont plus ou moins rapidement mis en ordre de bataille. « Nous sommes en guerre » a-t-il même été martelé plusieurs fois, du ton de l’évidence la plus assurée et la plus légitime, par notre chef suprême des armées françaises. L’objectif est ainsi fixé, le ton donné, les ordres transmis (plus ou moins bien et plus ou moins bien respectés), les troupes mobilisées, l’en marche ordonné (si l’on peut dire en période de confinement), la discipline (pas encore de loi martiale) est de rigueur et le pas cadencé de mise (tout au moins c’est ce qui est espéré).

Une guerre est souhaitée, soit, mais ne nous trompons pas d’ennemi. Je soutiens que la seule guerre justifiée et insigne, à notre époque, est cette « guerre sainte » (expression sans doute effrayante à qui demeure, d’une part, enfermé dans l’actualité, et, d’autre part, fermé au sacré) réclamée par René Daumal, une guerre menée par les individus contre les puissances, extérieures et intérieures, de dépossession de soi et d’aliénation psychologique, intellectuelle et spirituelle ; elle n’est pas de ces guerres, en ceci toujours faussées et partiales, menées pour la possession de corps, de biens, de richesses, d’idéologies ou de territoires géographiques mais une guerre mise en œuvre pour le déploiement de l’esprit, du bien, du beau, du vrai et de l’ou-topique ; elle est une guerre pour le réveil éthique et l’éveil spirituel de l’individu comme pour l’harmonie entre les collectifs. L’environnement contemporain, c’est ce que je soutiens ici, est paradoxalement approprié à son déclenchement.

En vérité, loin d’être notre ennemi, le virus en question est en réalité notre invisible allié. En effet, la mesure de confinement à laquelle il a conduit du fait de son expansion est pour nous, même si certains l’ignorent, même si elle est, par endroits, source de difficultés, voire de drames terribles, une bénédiction.

Deux éléments circonstanciels concourent à cette bénédiction. Le premier est le réel bouleversement/renversement subis par les dynamiques humaines contemporaines, substituant ─ pas intégralement il est vrai ─ à un mouvement centrifuge (les individus et les peuples emportés dans la marche en avant irrésistible du développement économique) un mouvement centripète (le retour et le maintien des personnes à domicile, la fermeture généralisée des frontières et l’immobilisation des flux de toutes sortes) ; faisant passer d’une ex-pression généralisée à une compression massive, d’un déversement exhibitionniste au dehors à un repliement mesuré au-dedans, d’un nomadisme frénétique et dévergondé à un sédentarisme drastique et réglé, d’une économie dépensière (et non pas de la « dépense » comme chez Bataille) à une économie de guerre, d’une accélération exponentielle à un ralentissement brusque, d’un gaspillage à un endiguement énergétiques (de toutes les énergies, naturelles et humaines), d’une agitation effrénée à un statisme lourd de tensions, d’une expiration immodérée et d’une saturation critique à une inspiration fébrile et une asphyxie critique, de l’envahissement de l’espace public à l’occupation de l’espace privé. Quant au second élément, il se manifeste par l’impossibilité pour les êtres de se rencontrer et de faire société, par l’arrachement des individus à leurs rôles sociaux, par la limitation de leur participation au grand carnaval social, par l’apparition d’un esprit de pesanteur et de défiance.

En quoi cette nouvelle configuration psychosociale est-elle positive ? Une mise au point d’importance s’impose : la crise globale que traverse l’Occident, dont la pandémie est une manifestation particulière, doit être pensée comme un pharmakon, comme un moment pharmacologique, c'est-à-dire à la fois comme poison et comme remède.

La suspension durable des activités, des performances et des inerties utiles à la machine socio-économico-politique est d’abord propice à l’ouverture d’un temps retrouvé et consacré à une réappropriation réfléchie des grandes questions clés de l’humanité ainsi qu’à une réorientation concertée et radicale de nos intérêts et de nos engagements vers des enjeux sains et bienfaisants à tous les êtres et à la nature.

Quant au confinement, comment ne pas voir que, derrière l’obligation qui nous est faite de demeurer chez soi, se cache, ou plutôt se potentialise, une conjoncture favorable à la plus conséquente révolution personnelle. Car être chez soi, devient potentiellement, en ce moment, pour chacun, un être auprès de soi, un être auprès de soi qui, à son tour, si l’on est prêt, si l’on ne fuit pas l’épreuve et si le potentiel s’actualise, peut s’intensifier et s’exhausser en un être recueilli à l’intérieur de soi. Le retrait imposé devient retraite inespérée. À ce niveau d’expérience, nous ne nous trouvons plus qu’en présence du seul plan individuel mais aussi du mystère de l’intériorité qui lui appartient, plan dont je sais qu’il est le seul décisif car, nombreux sont les penseurs ou hommes de cœur et d’esprit à l’avoir auparavant souligné, c’est en se changeant d’abord soi-même que l’on peut espérer changer profondément et de façon pérenne le cours et la nature des choses.

Ce retour à et en soi est par ailleurs facilité par la mise à l’écart forcée des rituels, des habitus et des échanges sociaux, par l’émersion brusque hors du champ des obligations et des discours sociaux, en un mot par l’extraction hors du et le maintien, manu militari, à bonne distance du cérémonial imposé par la matrice sociale. Un effet bénéfique possible est alors la réduction de la présence du socius en nous, cette composante sociale du comportement et de la vie mentale d'un individu qui devient très souvent la source occulte d’un conditionnement prégnant et d’un conformisme saillant.

Mais pour que toutes ces potentialités opératives s’actualisent, pour que l’assaut des forces virales et le confinement se transmutent en épreuve salutaire, mais aussi pour que ceux qui sont morts à cause du virus ne le soient pas pour rien, il est nécessaire que nous rompions avec nos inerties coutumières, que nous évitions d’importer et de reproduire à domicile nos mauvaises habitudes, que nous freinions notre addiction et notre attachement au social (notamment en diminuant considérablement et en devenant vigilant et critique par rapport à notre utilisation des technologies de communication, cheval de Troie du socius), que nous ne transformions pas nos foyers en cavernes aliénantes telles que décrites par Platon et que nous surmontions l’angoisse de néant qui nous fait trop souvent fuir l’épreuve essentielle de libération. C’est plus particulièrement ce rapport faussé à l’angoisse, à la fois défaite et détournement, qui est la source du nihilisme car néantisation de notre assise ontologico- spirituelle, qui nous fait préférer au souci de soi les soucis mondains, à l’état de liberté celui de divertissement, à la lumière la chaleur, à l’effort le confort, aux expériences d’éveil et d’édification les palliatifs et expédients d’une paix aliénante, qui nous rabat en permanence sur le sol pesant, rassurant pour beaucoup, des évidences premières et des charges mondaines.

De plus, il faut être vigilant car les réponses, institutionnelles ou autres, généralement apportées aux crises aboutissent à nous enfermer dans le cercle vicieux de l’immanence nihiliste. L’impuissance et, plus grave encore, la perversité nocive de la plupart des initiatives contemporaines, qu’elles soient politiques, technocratiques, administratives, citoyennes, médicales ou technologiques, viennent du fait qu’elles sont habitées par ces vieux démons modernes que sont la survalorisation de la volonté, le désir permanent de maîtrise et de contrôle, l’aspiration à la domination, l’enfermement dans l’immanence matérialiste, le recours démesuré à la technique, la croyance en la possibilité d’une gestion intégrale des choses et d’une administration totale des affaires humaines, la réduction du vivant à une machine, du vrai à l’efficace, du beau à l’utile, de toute perspective (temporelle, spatiale, axiologique, esthétique, spirituelle) à une fuite en avant ou un repli crispé, de tout horizon civilisationnel à des intérêts communautaires locaux, privés, partiels et partiaux, de la culture à l’économie marchande, des problèmes et des enjeux humains à des urgences, des calculs, des procédures ou des dispositifs.

Notre conduite doit dès lors être placée sous le commandement de la raison, ce qu’il faut entendre d’un point de vue aussi bien rationnel que raisonnable. Nous devons d’abord, à la manière des stoïciens, discerner ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas, accepter en toute conscience que s’accomplisse le second et travailler lucidement sur le premier. Il faut aussi raison garder, notamment pour ne pas perdre le nord et l’esprit face à la vague gigantesque de propos et de commentaires qui submerge internet et la télévision, phénomène qui ne fait que confirmer l’existence de cette phase délirante dans laquelle est entrée la civilisation occidentale. Enfin, évitons de nous décourager, dépassons pour cela les réactions purement psychologiques et activons, par une prise de recul et de hauteur, un travail de réflexion portant sur la situation, son origine, sa nature mais aussi son devenir.

J’ai évoqué précédemment la possibilité qu’a chacun de s’ouvrir à l’être spirituel grâce au confinement. Il me faut toutefois préciser qu’être spirituel, ce n’est pas posséder une faculté, qu’on la nomme raison ou esprit, ce n’est pas, pour un être particulier, choisir d’en user ou pas, ce n’est pas actualiser une propriété ou une caractéristique possibles, ce n’est pas non plus agir de telle ou telle façon, accomplir tel ou tel rite, appartenir à une confession ou à une autre, à une religion ou à une autre ; être spirituel c’est s’ouvrir à l’au-delà du matériel, du besoin, de l’immédiat, de l’utile et de l’efficace, c’est dépasser les particularités, transcender ses conditions et viser l’universel, c’est faire retour à soi et se dépasser (vers et dans un autre soi-même, vers autrui ou vers l’Autre), c’est assumer notre filiation et notre destination spirituelles, c’est aimer toute chose de façon inconditionnelle, c’est interroger l’origine, la raison d’être, le sens et la finalité de l’existence, c’est être en quête de mesure, de beauté et de vérité, c’est édifier des valeurs morales, esthétiques, intellectuelles et spirituelles, c’est créer des œuvres et de la culture, c’est constituer une connaissance opérative, c’est méditer et pratiquer des exercices spirituels.

Forts de ce constat, et afin d’échapper aux impasses nihilistes, faisons en sorte que l’extra-ordinaire de notre situation dénonce et rejette loin derrière nous l’ordinaire des jours d’avant, avec ses habitus délétères ; faisons que cet extra-ordinaire nous sorte définitivement, au moins individuellement, de cet ordinaire malsain qui faisait nos jours d’avant ; faisons, finalement, que cette situation subie devienne une station acquise sur le chemin de l’être et du devenir spirituels, la station d’une sorte de Pâques personnelle. La ressource potentielle est là, rayonnant aux confins mystérieux de notre être, sise en un lieu dérobé aux profanateurs et inaccessible à tous les virus, prête à faire son œuvre transfiguratrice et transformatrice.

Si les conditions qu’offre le confinement sont favorables à une telle Pâques, nous avons vu aussi qu’elles sont insuffisantes. Que devons-nous leur adjoindre ? Profitons en un premier temps, pour ceux qui le peuvent, du calme, du temps, de l’immobilité, de la solitude, du silence qu’elles nous offrent pour mettre en œuvre un certain nombre de pratiques et d’expériences que je baptise d’un nom unique : exercices spirituels. Le concours des œuvres, quelles qu’elles soient, des livres, de la musique, du chant, de la danse, de documents et d’échanges culturels est avantageux, à condition que tout cela ne devienne pas un refuge ou un divertissement, autrement dit de nouvelles présences envahissantes et distrayantes. La création est recommandée. De façon générale et idéale, je pose que les exercices spirituels, quelle que soit leur forme, doivent nous conduire à rendre les armes des fausses guerres contre les faux ennemis ; à nous démobiliser des campagnes mondaines ; à ne plus nous acharner à vouloir comme à vouloir vouloir ; à passer au-delà des choix et des non-choix ; à prendre le temps afin de le dépasser et d’accéder à l’éternité ; à devenir le plus humble possible ; à laisser être et advenir le mystère ; à nous dépouiller mentalement de tout ce qui nous attache aux préoccupations, aux priorités et aux enjeux mondains ; à nous détacher de nous-mêmes, des obligations qu’on nous impose et des actions que nous projetons dans le monde ; à nous recentrer et à nous concentrer non pas sur nous-mêmes et quelque intériorité psychologique mais sur les demandes de sens et de raison d’être qui peuvent surgir ; à accueillir les affections fortes et troublantes de la beauté, de la mélancolie, de l’étonnement ; à faire l’épreuve de l’angoisse et de la panique, ces dispositions affectives fondamentales ouvrant au problème du sens et de la raison d’être ; à privilégier le désœuvrement destituant de la « puissance de ne pas » (Agamben) et à rejeter le désœuvrement psychologique anesthésiant; à résister aux fascinations ; à nous désintoxiquer et à nous sevrer des expédients ; à ne pas retenir ce qui, inéluctablement, nécessairement, doit partir ; à ne pas se retenir aux illusions, aux palliatifs, au transitoire ; à ne pas se retenir de céder à la joie, à l’amour, à la beauté, à la fragilité ; à user de la raison et de l’intellect pour analyser et comprendre les arcanes, les hauteurs, les profondeurs et les lois métaphysiques, ontologiques, phénoménologiques, esthétiques et éthiques de l’être, du devenir, de l’origine et de la fin. Ainsi préparés pour le voyage immobile, pour la transcendance immanente, pour le dépassement-retournement, ainsi munis et démunis à la fois, nous serons prêts, parés et résolus à effectuer la traversée, le passage à la limite, ce fameux passage au nord-ouest, véritable saut libérateur et édifiant dans l’être spirituel marqué du sceau de l’Arkhè originel.

Si elle est source possible d’éveil, cette situation historiquement inédite est véritablement et éminemment subversive. En effet, provoquant une mise entre parenthèse et à distance du travail-labeur, du champ social, de celui de la politique, de la société de consommation et de nombres d’obligations et habitus mondains, la mesure de confinement prise par les gouvernements est, pour cette première raison, grosse d’une puissante charge subversive, d’autant plus subversive que ces mêmes gouvernements, comme les citoyens et les individus eux-mêmes, en ignorent la nature et la portée. Mais c’est surtout ce qu’elle rend possible, par et dans le confinement lui-même, qui est puissamment subversif, à savoir cette Grande Passivité opérative et libératrice qu’est la cure spirituelle, soin profond de soi, que je viens de décrire. L’intensité subversive de celle-ci s’explique par la conjonction critique des implications elles-mêmes subversives suivantes, dont elle est potentiellement la source : le déclenchement, au sein même de la mise à distance précédemment indiquée, d’un mouvement d’écart-conversion-(sur)saut qualitatif de l’être humain dans l’être spirituel, l’équivalent d’une inversion d’inversion, d’une crise dans la crise, d’un repli dans le repli, d’une mise en abîme vertigineuse de l’ordinaire, mouvement que rien du monde des hommes ne commande, ne contraint et ne peut soumettre à son diktat, absolument indépendant qu’il est de la volonté des individus, des peuples et des pouvoirs, mouvement relevant du mystère, par conséquent imprévisible, non contrôlable, non économiquement, socialement, administrativement ou politiquement récupérable et assimilable ; l’implosion intime en gestation dans toute vie privée, autrement dit l’ouverture de l’intime dans l’intime, ce qui fait ainsi de la zone de confinement, non pas le lieu d’un ramassement autistique ou d’un enclos égotique mais le creuset d’une expérience d’accès au territoire transcendantal ─ lieu dérobé, ai-je dit, et absent de toutes les cartes possibles ─ depuis lequel et au cœur duquel œuvre l’être spirituel, non pas cette T.A.Z. (Zone Autonome Temporaire encore trop mondaine) proposée par Hakim Bey mais la P.A.Z. (Zone Autonome Permanente car transcendantale) ─ serait-elle cette Zone arpentée par le stalker d’Andreï Tarkovski ? ; la naissance de doutes, de questionnements, de critiques et de remises en cause, identifiable à une insurrection et à une émancipation spirituelles ; la préférence accordée à la liberté plutôt qu’à la vie qui n’en est pas une (voir la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel) ; l’activation des ressorts de l’homme intérieur (saint Paul et Abellio) ; la problématisation toujours plus intense de la politique et des politiques inaugurant un retour au prochain ainsi qu’une proximité paradoxalement plus directe et un court-circuit spirituel avec lui fondateurs d’une communauté transcendantale garante du politique essentiel (l’être et le vivre ensemble).

Vous aurez compris qu’il faut un remède radical à la maladie de l’Occident, un remède qui, œuvrant au niveau des racines du mal découvre en même temps, aux confins de l’être, les racines spirituelles du bien, et réciproquement. Nous sommes à une certaine croisée des chemins et du temps. Vous devez surtout retenir qu’ils se croisent aujourd’hui avec acuité dans nos foyers et dans nos têtes. Cette crise (krisis) sanitaire est un moment spirituellement et salutairement opportun (kaïros) ouvert au sein même de la crise générale, elle-même spirituellement féconde, que subit l’Occident. Elle est assurément tragique, non pas au sens moral mais métaphysique ; je la voudrais aussi apocalyptique, autrement dit, d’un côté, révélatrice pour chacun d’une Grande Santé possible, et, de l’autre, mettant fin à un monde désastreux (privé de tout astre éclairant et orientant comme de tout mystère régulateur et ordonnateur) ─ je suis plutôt pessimiste quant à ce point car deux guerres mondiales, autrement dit deux crises considérables, en dépit des « plus jamais çà ! » et des « il faut en tirer les leçons ! », n’ont pas rendues les hommes et les sociétés plus raisonnables, plus intelligents et plus spirituellement avancés...mais peut-être ne devait-il pas en être autrement, l’accroissement et l’intensification de ces qualités nécessitant, selon une loi qui échappe aux trop humaines raisons, de continuer, pour l’être humain, à traverser de nouvelles épreuves. Dans l’attente des fruits à venir, c’est à une veillée d’âmes que je vous invite.

 

Auteur invité :

Éric Coulon est diplômé de Philosophie et de Sciences humaines. Ancien enseignant de philosophie. Fondateur des Rencontres Raymond Abellio. Créateur de la logopraxie et du Cabinet Cura. Fondateur et directeur de l’Université Libre de la Connaissance.

 

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