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mardi, 31 mars 2009

L'Autre qui existe et celui qui n'existe pas

 
 
par Jean-Louis Bolte
 
 
 
 
 
 
 
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Le Bernin, L'extase de sainte Thérèse, 1644-1652
 
 
 
 
 
 
 
 
 
I. DE L'UNE À L'AUTRE JOUISSANCE


 
ACTUALITE DE LA PSYCHANALYSE

Lorsque en 1998, Jacques-Alain Miller, héritier spirituel et beau-fils de Lacan, titre son Séminaire de psychanalyse « L'Autre qui n'existe pas et ses Comités d'éthique », il énonce publiquement le résultat d'un siècle de pratique analytique, soit le dernier mot sur « le malaise dans la civilisation » repéré par Freud : « l'Autre n'existe pas ». La proposition, dans sa radicalité, en a laissé beaucoup perplexes. Et pourtant elle est à prendre au premier degré.

Sa vérité profonde est à entendre comme suit : l'Autre n'existe pas... dans le monde des frères (mais sans père).

Ce que dit ici la psychanalyse, mais pas n'importe laquelle, la psychanalyse lacanienne, celle qui a pris au sérieux l'extrémisme nominaliste de la fraternité globale et qui a voulu l'analyser jusqu'au bout, ce sont les vérités du monde des frères (mais sans père), le monde dans lequel nous vivons le fameux malaise.

Dans l'exacte mesure où ce monde se construit sur la déconstruction, et plus exactement sur la destruction, du monde des fils, c'est-à-dire sur la destruction de la tradition judéo-chrétienne, il est inévitable que toutes les vérités énonçables sur ledit monde soient des formules négatives : « l'amour c'est donner ce qu'on n'a pas », « il n'y a de vérité que de mi-dire », « La Femme n'existe pas », « il n'y a pas de rapport sexuel », « l'Autre n'existe pas » et ainsi de suite. Toutes ces propositions se démontrent dans le contexte du monde des frères (mais sans père). Elles lui sont strictement relatives, et n'ont par conséquent aucune universalité, mais elles sont précieuses parce qu'elles dénudent les ressorts dudit monde et participent à sa disparition par la critique de la prétention fraternitaire à quelque bonheur que ce soit.

Lacan, non sans quelques hésitations, a pris le parti de ne pas laisser ouverte la question de la foi, de son articulation à la raison, et de s'en tenir aux prémisses fondatrices du monde des frères en considérant, non sans pessimisme, que, puisque nous y sommes enfermés, il faut faire avec. L'Autre qu'il a introduit est celui de nos représentations, c’est le lieu de la parole et du langage, et il en est venu à conclure qu’il n’y avait pas de place dans cet Autre pour que s’y pose la question de l’être. À son sens, la jouissance y objecte définitivement, refusant par là de voir que la jouissance est un état-limite de l’être, dans un état de nature donné, transitoire et daté, comme on va le montrer [1]


Or le problème lié à la dimension de l'Autre est celui de l'ordre du monde qu'il surplombe, et du bonheur que celui-ci propose. On y retrouve la tension entre réalisme et idéalisme : ordre de l'être ou ordre de nos représentations.

Bien entendu, le « ou » qui sépare les deux alternatives n'est pas un « ou » exclusif, du moins pour un réalisme modéré. Dans le monde des fils, ce « ou », « ou » inclusif par conséquent, traduit l'alternative morale dans laquelle nous place notre lien à l'être naturel, lien qui dit notre orientation dans l'être : ce qui peut être et ce qui ne doit pas être – lien qui est explicité par la loi naturelle.

La psychanalyse lacanienne a cru bon devoir considérer ce « ou » comme exclusif et ne retenir de l'Autre que sa puissance de mise en ordre symbolique – mais bien sûr l'ordre symbolique ne coïncide pas avec l'ordre naturel [2], loin de là, car lorsque celui-ci s'indexe sur l'être, celui-là s'organise autour du rien. De sorte que la seule éthique qui se dégage de ce choix est, là encore, purement négative, dans la mesure où la psychanalyse ne nous désigne pas le bien, mais nous propose d'élucider, par le bien dire, « un certain mal » qui nous ronge.

Mais c'est précisément aussi par là qu'elle nous intéresse, parce qu'elle nous apporte des outils d'analyse considérables non pas seulement sur ce mal, mais sur le mal tout court, et surtout le mal aujourd’hui. Ce mal, elle l'appelle « jouissance », et cette jouissance c'est ce que nous appellerons, en reversant à  Saint Paul ce qui lui appartient, le péché dérégulé.

Car c’est sous cet angle d’une dérégulation du péché que le monde des frères (mais sans père) impose – veut imposer – désormais sa conception du bonheur.


DE L'AUTRE QUI N'EXISTE PAS À CELUI QUI EXISTE : DE L’UNE À L’AUTRE JOUISSANCE

Il est donc regrettable que certains intellectuels catholiques, en particulier les plus jeunes, rejettent en bloc la psychanalyse, sans considérer une seconde, outre ses capacités curatives, les capacités critiques de ses créations théoriques.

L'intérêt de la psychanalyse, en particulier lacanienne, tient pour une large part dans la mise en place de ce concept du grand Autre, impliqué par le dispositif de la cure elle-même, et dont la mise en œuvre a une puissance de dévoilement purement négative, comme on l’a déjà souligné, puisque c'est au moment même où il va livrer le dernier mot sur la jouissance humaine, qu’il se met à défaillir et à révéler que lui, l’Autre, existerait s’il pouvait dire ce dernier mot, mais qu’en réalité il n'existe pas. C’est que la jouissance qu’il semblait promettre est sur le mode du n’être pas. Et de s’évanouir.

Il n’y a pas de signifiant de la jouissance [3] , dit Lacan, et donc il n’y a pas de savoir sur le mal.

C'est dans cette défaillance que, selon Lacan, se révèle la face Dieu de l'Autre et que prend racine cette « jouissance mystique » qu’il illustre de la figure de Sainte Thérèse d’Avila. En  quoi il dit à moitié vrai mais aussi à moitié faux. À moitié vrai lorsqu'il reconnaît « la jouissance mystique » comme une « autre jouissance » que la jouissance commune, à moitié faux lorsqu'il indexe cette « jouissance mystique » sur l'inexistence définitive de l'Autre : car, à la faveur de l'expérience mystique, c'est précisément au moment où l'Autre qui n'existe pas sombre dans son non-être que se révèle l'Autre qui existe.

Que l'Autre qui n'existe pas n'ait pas d'être, se démontre pas la jouissance – et plus précisément par la défaillance de nos jouissances terrestres. Cet Autre dont il faut constater qu’il n'existe pas se révèle en effet incapable de fournir aucune représentation que ce soit de la jouissance. Ce que traduit l'expression : « il n'y a pas de signifiant de la jouissance ». Tout ce que peut fournir l'Autre, en tant qu'il n'existe pas, c'est une représentation de sa défaillance : je ne peux rien pour toi. Il ne peut rien pour moi. Blessure toute symbolique donc.

Par contre, en tant qu'il existe, en tant qu'il se trouve sur la face Dieu, l'Autre nous présente, et cela immédiatement, dès la première rencontre, des blessures bien réelles. La croix en effet se dresse frontalement non pour représenter, mais pour se donner comme sacrifice réel. Et les blessures et les tortures bien réelles du Christ sont données par elle comme valeur d'échange, valeur de rachat, pour toutes les jouissances passées, présentes et à venir. C'est ce qu'on appelle la rédemption.

Toutes nos jouissances sont inscrites dans la chair de l'Autre comme souffrances réelles : c'est au moment où nous percevons ce renversement que nous pouvons comprendre (que nous comprenons), qu'à travers ses blessures réelles, l'Autre existe pour nous.

Que devant la grandeur de cette réalité nous vienne une autre jouissance, nous indique simplement ceci qui est de bon sens : il est impossible que la jouissance, c'est-à-dire le péché dérégulé, nous mette sur la voie de l'existence de l'Autre – elle ne peut nous mettre que sur la voie de son inexistence.
 
 
 


Ce ne peut être que l'autre jouissance, laquelle naît des blessures réelles de l'Autre, en tant qu'elles nous ouvrent, ces blessures, à la guérison, et d’abord à la guérison  de l’Autre en nous , [4] – ce ne peut être que cette autre jouissance donc qui nous met sur la piste de l'être de l'Autre, en tant qu'il existe.

Où l’on voit que si le monde des frères annule facilement la face Dieu, Dieu n'a aucune peine à son tour à biffer le monde des frères (mais sans père). Il lui suffit de nous faire sentir une touche de Sa béatitude [5] .

Ce basculement de l’une à l’autre jouissance montre qu’il existe une assez petite intersection – il en existe tout de même une – entre l'Autre qui existe et celui qui n'existe pas. Intersection constituée de ce que l'Autre qui existe a bien voulu y déposer, avant même son sacrifice réel, comme signe de sa Loi : la contradiction, soit le symbole de la négation que l’Autre du prophétisme fournit à l'homme au début de la Genèse, par lequel celui-ci peut s'orienter dans l'être.

Car la négation simple (la contradiction) est le premier mouvement que l'esprit fait vers la vérité avant de la juger conforme à la chose : « ce n'est pas ça » se présente avant « c'est ça » – ce n’est pas l’être, c’est un étant. Et cela n'est pas seulement vrai du point de vue de la psychanalyse, c'est surtout vrai, c'est ici ce qui nous importe, d'un point de vue métaphysique [6].

Car si dans la psychanalyse la négation porte sur des représentations et par là les ordonne, dans la métaphysique hébraïquel la négation fournie par l'Autre du prophétisme porte sur l'être même, visant à ordonner ce dernier selon ce qu'on appelle la loi naturelle. En définissant la jouissance mondaine comme ce qui n'est pas, elle ne fournit pas seulement la négation d'une représentation, mais avant tout la négation de l'être : autrement dit, elle définit le non-être.



Faire fi de cette négation, c'est ouvrir la porte d'un désordre radical : dans le monde des frères (mais sans père), le bonheur humain, c'est-à-dire tout ce qui vient à l'homme comme jouissance (le sexe, mais aussi l'argent, le pouvoir, la position et ainsi de suite jusqu'aux pires addictions et à toutes les sortes de crimes et de violences y compris la guerre), toute jouissance donc est défaillante pour cette raison et, au-delà de l'amertume et du dégoût, vire à la longue au pire.

S'il y a un dernier mot à dire là-dessus, c'est tout de même celui-ci : la vérité de la jouissance c'est l'enfer.

Mais si nous pouvons dire ce dernier mot sur la jouissance, c'est précisément parce que nous ne nous plaçons plus dans la perspective de l'Autre qui n'existe pas, mais déjà dans celle de l'Autre qui existe. Tant il est vrai que si nous connaissons la jouissance, c'est précisément parce que l'Autre qui n'existe pas nous empêche de la penser, et par là ne nous permet pas de penser l'être.
À l’inverse, l'Autre qui existe nous permet de la penser, en nous révélant que nous ne devons pas la connaître, et non seulement nous pouvons alors par lui penser l'être, mais surtout penser notre orientation dans l'être – c’est-à-dire penser la nature, car c'est justement cette orientation dans l’être qu'on appelle nature.

Et penser la perfection de notre nature qui est un bonheur au-delà d'elle-même. Point à préciser.

De sorte qu'il faut dire que l'Autre est le lieu de notre pensée.


L'AUTRE EST LE LIEU DE LA PENSEE

Que l'Autre soit le lieu de la pensée signifie que cette pensée ne m'appartient pas. Le « je pense donc je suis », se corrige en « Il pense donc je suis ». Ce qui donne à l'Autre, celui qui existe comme celui qui n'existe pas, sa position exacte vis-à-vis de l'être.

Non pas sa nature, mais sa position. L'Autre est en position d'information. Il est en position de m'informer. Et, ici, de m'informer par sa parole.

Dès lors, si je pense c'est de son fait, et donc par ses blessures. En effet, soi je pense à ma jouissance et c'est l'Autre, en tant qu'il n'existe pas, qui pense en moi, soi je pense à ses blessures, et c'est l'Autre en tant qu'il existe, qui me parle de notre existence, c'est-à-dire de mon existence en tant qu'elle s'inscrit dans son existence. Dans notre existence.

De sorte que mon « Je » est alors en passe de muter en « Nous ».

Mutation subjective. Ce que les modernes ont appelé sujet, c'est-à-dire une âme malade et vide, réduite à la représentation, au moi, au bruissement des mots, toute déboîtée de son être car n'existant que par ce bruissement, mute alors en « Nous ». Autrement dit, se retrouve dans la position d'une personne qui reprend son esprit, car elle l’avait perdu, se retrouve donc âme en voie de guérison – âme revenue au jardin de la divine familiarité.

Ainsi quand je pense, ou même simplement quand j'essaie de penser à la souffrance d'autrui, non pas pour le spectacle comme on fait aujourd'hui, mais pour sa souffrance à lui, autrui, je me trouve en position de laisser penser l'Autre en moi, en tant qu'il existe.



Qu'il existe ou qu'il n'existe pas, l'Autre est donc le lieu de la pensée. À ceci près que chacun est libre à la fin de choisir entre tel ou tel Autre – c'est-à-dire de donner ou non le primat à l'Autre qui existe. Et ce choix place notre pensée – et sa face de connaître – en telle ou telle position vis-à-vis de notre jouissance.

L'Autre est le lieu nécessaire de notre pensée, mais le choix de l'Autre est libre. En tant que donnée a priori, la dimension de l’Autre, avant même que se pose la question de son existence, est à proprement parler transcendantale [7], c'est-à-dire caractérisée par une neutralité ouverte, qui est ouverture à la rationalité des choses, non dénuée par ailleurs d'une certaine bienveillance, comme l'avait noté Freud lui-même [8].

Notre libre choix se concrétise lorsque se présente à nous la question de savoir si nous acceptons ou non la raison de l'Autre comme prolongement essentiel de notre propre raison [9]. De l'Autre en tant qu'il existe. Ce moment est celui que la métaphysique hébraïque pense dans le livre II de la Genèse : les êtres y sont présentés à l'homme qui les nomme, et le mal (la jouissance primordiale – qui est sur le mode du n'être pas) y est nié (barré).



Prendre le récit de la création de l'homme dans la Genèse pour un mythe est une erreur. Que ce récit soit symbolique, qu'il utilise des simplifications narratives et des procédés particuliers de narration, certainement, mais qu'il soit sans fondement réel, qu'il ne renvoie pas à une réalité historique mais à une pure imagination, certainement pas. La preuve ? Elle s’obtient par l’absurde et apparaît dès que l’homme prend la voie du mal.

Car ce récit indique nettement que la réalité naturelle est orientée par des lois contraignantes qui ne peuvent être transgressées. C'est ce qu'exprime la négation que l'Autre communique à l'homme dans le livre II : « Tu ne mangeras pas des fruits de l'arbre de la connaissance du bien du mal ». Par là, l'Autre fournit à l'homme cette donnée métaphysique, la contradiction, qui oriente l’être selon l’ordre naturel.

Il faut souligner que cette donnée sur l'orientation naturelle de l'être, que l’homme ne peut connaître par lui-même, est communiquée à l'homme de façon extranaturelle. Précisément par le prophétisme hébreu. Celui qui accueille cette donnée, accueille son discours, et accueille du même coup l’Autre en tant  qu’il existe.

Et alors que l'inconscient est le discours de l'Autre, en tant qu'il n’existe pas, le prophétisme hébreu est le discours de l'Autre, mais en tant précisément qu'il existe. De sorte que si l’on peut dire que le discours de l'Autre, en tant qu'il n’existe pas, informe notre inconscient, c'est-à-dire les zones équivoques de notre âme, le discours prophétique informe pour sa part notre personne, autrement dit donne à notre conscience une information qui la met sur le chemin du « Nous ».

Par cette information en effet nous avons accès à la raison de l'Autre, à sa rationalité. Rationalité d’abord négative qui indique que le mal n'a pas sa place dans l'ordre naturel – ce qui veut dire que si le mal peut exister, il n'a pas d'être [10]. Et que par conséquent, il est désorientation, dérèglement et source de malheur.
 
 
 
 
 
 
 
 
Notes
 
 
 
 
 
[1] Dans la seconde partie de ce texte.
 
 
 
[2] C'est d'ailleurs la source des gros problèmes qui se posent aux psychanalystes d'aujourd'hui : dans la mesure où la loi naturelle est devenue, par l'effet de ce nominalisme radical, totalement coupée de notre système de représentation, les petites lettres et les petits chiffres de la science vont leur propre train, et la technoscience s'est mis en tête de refabriquer l'être lui-même, autrement dit de bouleverser l'ordre naturel à son idée, c'est-à-dire selon les lois de caprice du monde des frères (mais sans père). L'ordre des sexes lui-même (et l'ordre de la famille) s'en trouvent bouleversés, et la réalité sexuelle, fondée sur la différence naturelle des sexes, sur laquelle s'appuyait la clinique freudienne, est en train de s'estomper, et de faire disparaître du même coup le caractère normatif du complexe d'Œdipe

[3] Il n’y a pas de signifiant de la jouissance puisqu’il n’y en pas d’être.

[4] La guérison de l'Autre en nous, ce pourrait être la visée d'une psychanalyse chrétienne. Techniquement, une telle orientation devrait considérer la famille (le triangle familial) comme inscrit dans une autre famille : la Sainte Famille. Cette inscription, ou plutôt inclusion, comme est inclus un ensemble dans un autre, oriente immédiatement le principe de l'analyse vers une sublimation des pulsions, lesquelles peuvent être reversées, de manière systématique, dans un compte des dettes symboliques réévaluées à l'aune du corps et des blessures de l'Autre, en tant qu'il existe (le regard de Jésus, le cœur de Jésus, les plaies de Jésus,...).

[5] Cette remarque n'est pas une simple boutade. Il se trouve que l'un des thèmes du prophétisme contemporain développe massivement l'idée que Dieu doit distribuer universellement une telle touche de sa béatitude. C'est le thème dit de « l'Avertissement » (de Garabandal par exemple). Bien entendu, il n'en résultera pas automatiquement que chacun va éprouver cette béatitude à la manière d'une Sainte Thérèse d'Avila, loin de là ! Tout dépend de la disposition intérieure de chacun. Pour beaucoup, qui ne sont pas orientés vers une telle réception, qui sont entièrement orientés vers les jouissances fraternitaires, cette béatitude risque de se renverser en atroce souffrance d'une touche d'enfer. D’où il vient que nous attendons une sorte de preuve universelle de son existence par l’autre jouissance, preuve promise prophétiquement.

[6] Sur cette question chez Saint Thomas cf. Pierre-Ceslas Courtès, o.p., Être et Non-Être chez Thomas d'Aquin, Téqui, 1998. D'où il sort que la négation (simple) n'est pas une donnée logique, mais qu'elle est de nature métaphysique. Chez Duns Scot, voir sa définition de l'ens comme non-rien, non-nihil, et cf. là-dessus les commentaires d’Olivier Boulnois, Être et Représentation, PUF, 1991.

[7] Ne pas confondre transcendantal et transcendant : au sens de Kant, est transcendant ce qui est au-delà de toute expérience possible. Est transcendantal une connaissance a priori, c'est-à-dire qui précède les données de l'expérience. Ici, l'Autre est donné comme le lieu de la pensée en tant que proposition très générale convenant à tout phénomène de pensée. À charge de vérifier son existence ou son inexistence selon l'expérience dans laquelle il est engagé -- ici mystique ou analytique

[8] À propos de la position du psychanalyste dans la cure, Freud parle de « neutralité bienveillante ».

[9] C'est au fond la question que nous pose la foi.

[10] La jouissance « est » sur le mode du n'être pas. Elle « échappe » par nature au principe de contradiction. Elle se présente comme une monstruosité métaphysique : un « être » qui serait privé du principe de contradiction. Plus exactement : un non-être qui prétend à l'être.