dimanche, 12 février 2006
Ouvertures d'articles du numéro 17
DOSSIER : LA TALVERA
LA NOTION DE TALVERA
par Alem Surre-Garcia
Mans de Breish chantera les poèmes de Jean Boudou et bien évidemment celui sur la talvera.
Au mois de décembre 1978, Yvon Bourdet publie L'Espace de l'autogestion entièrement basé sur la notion philosophique de la talvera.
La même année où se déroule le colloque de Naucelle consacré à Jean Boudou ( 27, 28 et 29 septembre 1985), apparaît à Béziers une collection poétique intitulée La Talvera.
Voici la définition que donne l'écrivain et prix Nobel Frédéric Mistral du mot talvera ou tauvera : « lisière d'un champ, partie que la charrue ne peut atteindre, où il faut tourner les bœufs ». Mistral ajoute une étymologie étrange sous forme d'un jeu de mots : taur-virar, soit *taureau-tourner ! Il propose d'autres synonymes occitans « antarada, cance, capvirada, frontada, orièira, tornada, contorn et contornièra ».
Parole paysanne, technique, concrète dont Yvon Bourdet donne dans son ouvrage la traduction française suivante : « tournière ou chaintre ». Mots quasiment tombés dans l'oubli. Ce qui dénote un certain mépris envers le monde paysan dans la conscience française et indique surtout la négation de toute idée philosophiquement porteuse qui ne serait pas issue du microcosme intellectuel parisien ou parisianisé.
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YVON BOURDET (1920-2005)
Par François Pic
Ni la Revue française de sociologie, ni les Cahiers internationaux de sociologie, ni L’Homme et la Société, aucune revue française n’a consacré à ce jour la moindre ligne au sociologue Yvon Bourdet, mort à Paris le 11 mars 2005 à l’âge de 85 ans.
Seul le quotidien Le Monde a publié, par la plume d’Olivier Corpet, un de ses disciples puis collègue – auteur en 1982 d’une thèse de 3ème cycle intitulée Matériaux pour une sociologie de l’autogestion, actuellement directeur de l’IMEC, Institut Mémoires de l’édition contemporaine – une courte notice dans son “ Carnet Disparitions ” du jeudi 17 mars 2005, page 12.
Toutes autres archives, à commencer par celles du Comité pour l’histoire du CNRS, sont également muettes…
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JEAN BOUDOU : L’AMOUR ACTE MANQUÉ
Par Rémi Soulié
À notre connaissance, le poème “ La Tuba”, traduit et commenté par Rémi Soulié, n’a été publié qu’une seule fois, dans Figures du Rouergue (Grelh Roergàs, 1979) de Henri Mouly.
Ce poème est emblématique de l’œuvre de Jean Boudou qui, sur le plan amoureux, décline mille et une conjugaisons de l’échec. Boudou, à son corps défendant, expérimente l’absence de rapport entre les sexes sans pouvoir faire semblant. Ici, le duo de promeneur ne forme pas un couple et si « sarrar » désigne le rapprochement, ce ne sont ni les corps ni les âmes qui s’étreignent : non seulement la femme n’est pas l’avenir de l’homme, mais la solitude de chacun est sans remède.
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LES MYSTÈRES DE LA TALVERA
par Daniel Facérias
L’enracinement
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Par Christian Rangdreul
« Le bonheur est derrière la charrue. » ( Hölderlin)
La géopolitique transcendantale fait intervenir une faculté intuitive médiane – entre le monde métaphysique et le monde physique – et médiatrice, un tiers monde épistémologique ignoré, par parti pris « rationnel », voire rationaliste, de la grande majorité des géopolitologues ; un sens subtil qui investit la géopolitique d’une qualité anagogique lui permettant de transmuter le ternaire politique-espace-géographie en une triade mettant en rapport la métapolitique (politique informée par la métaphysique), l’espace à six directions (où, aux quatre directions planes Orient-Occident/ Septentrion-Midi, sont ajoutées les deux directions axiales Zénith-Nadir, soit l’élévation et la profondeur), et la géographie sacrée (géographie des hiérophanies). Vue ainsi, la géopolitique se montre alors telle qu’elle est vraiment, à savoir une branche particulière, opérative, de la « science des choses dernières » : l’eschatologie.
Depuis l’Incarnation, l’histoire va s’enroulant sur elle-même pour atteindre son oméga transfigurant : la seconde venue, en gloire, du Christ ; et, dans ce mouvement spiroïdal inauguré par le « Verbe fait chair », les États-nations, tout comme les individus, ne sont rien autre que des « êtres moraux », inévitablement écartelés entre « la pesanteur et la grâce » (Simone Weil). C’est donc tout naturellement que la géopolitique transcendantale participe, à sa manière et avec ses moyens propres, de ce qui constitue, à travers les conflits terrestres, le combat invisible opposant jusqu’à la parousie la Vérité salvatrice du Verbe aux mensonges du nihilisme et du relativisme modernes. C’est dans cette perspective que s’insère la « Géopolitique de la Talvera ».
SILLONS

L'HOMME FOUDROYÉ PAR LE SOLEIL
par Jean-Marc Tisserant
“ O Lynx, protège ce verger ”.
Ezra POUND, Canto LXXIX
La foudre est la punition du dieu de l'air. L'extase apollinienne se joue des limites, à la différence de l'exubérance dionysiaque qui s'enivre de les repousser. De fait, Ezra Pound se cache derrière deux masques : le masque solaire d'Apollon et le masque champêtre de Dionysos. Tel le Prométhée d'Eschyle, sa nature est à la fois dionysiaque et apollinienne. Les choses d'en-haut et les choses de la terre s'anoblissent et se cristallisent dans des alêthéïa, s'infusent au plus profond de la sensibilité de l'esprit. Le fond dionysiaque de l'univers doit être soumis à la puissance de transfiguration apollinienne. De même la poésie doit éviter le glissement dans l'abstraction, se faire langage visuel concret.
Il se plaît à évoquer l'ire des divinités grecques plutôt que l'omnipotence d'un dieu solipsiste, enfermé dans son ipséité, fût-elle céleste. Ce parti-pris se traduit par un anticléricalisme exacerbé, une suspicion à l'égard du monothéisme dont il fustige l'emprise sur la société des hommes. Son attachement à la poésie des troubadours, qui célèbre la Dame et cultive l'amour de la Beauté, n'est pas d'essence chrétienne : il se rattache davantage aux hérétiques albigeois dont le le gnosticisme farouche les rapproche des manichéens.
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DOMINIQUE DE ROUX
Par Luc-Olivier d’Algange
Nous gardons le souvenir des découvertes, des « missions de reconnaissance », où il nous précéda, de son ultime revue Exil, où nous retrouvions tout ce qui, ces dernières années, nous avait requis, d'une requête tout autant métaphysique que littéraire. Fernando Pessoa et André Coyné, Stefan George et Eryck de Rubercy, et Raymond Abellio, et Knut Hamsun et Paul Morand. Et encore Jean Parvulesco, Patrice Covo ou Matthieu Messagier. Les poètes et leurs intercesseurs, les aventuriers du Logos, les « calenders », selon le mot de Gobineau, les Exilés, car depuis que le monde se montre tel que nous le connaissons, les Fils de Roi sont toujours en exil. Qu’en est-il de l'exil, non point dans l'ailleurs mais dans l' ici-même ? Qu'en est-il de l'exil ontologique, et non point circonstanciel ou historique ?
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EN ATTENDANT DE RETROUVER LE STYLE DES CONTES
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À cette première biographie de Dominique de Roux répond, comme en écho, une phrase très holderlingienne de La Jeune Fille au ballon rouge : « Or, le biographe s’en est allé et qui marquera le commencement de l’histoire, une fois pour toutes ». C’est que le livre de Jean-Luc Barré possède une qualité rare : il contient l’aimant qui attirait Ezra Pound dans les vidas des troubadours, c’est-à-dire l’ellipse qui nous mène jusqu’à la clé qui ouvre l’œuvre : la vida de Dominique de Roux est une dame.
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LA TACHE BLEUE DU PACIFIQUE
Par Philippe Barthelet
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ARVO PÄRT
LA MUSIQUE AU SEUIL DU PARADIS
par David Gattegno
L’homme doit recouvrer l’esprit libérateur de la liturgie, le « service » de la vie éternelle, dont le catéchisme athéologique moderne l’a spolié. Pour ce faire, il y a nécessité pour lui de trouver à se désincarcérer des véhicules dans lesquels l’éducation laïque et obligatoire l’a claquemuré.
Voilà ce qu’entreprit de faire, exemplairement, le grand compositeur estonien sous les auspices duquel nous avons voulu nous placer ici.
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