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samedi, 20 janvier 2007

Au sujet d’un article de Diego L. Sanromán

par Alain Santacreu

 

Il circule, sur la toile, depuis quelques temps déjà, un article d’un certain Diego L. Sanromán  paru dans la revue Nómadas, revue critique des Sciences sociales et juridiques, éditée par l’Université Complutense de Madrid.

Intitulé «  Contra la muerte del espíritu : últimos avatares de una "Nouvelle droite" à la española », cet article essaie d’analyser l’émergence du mouvement culturel impulsé par l’éditeur espagnol Javier Ruiz Portella et l’écrivain colombien Álvaro Mutis. Paru en 2002, le Manifiesto contra la muerte del espíritu y la tierra, dont ils sont les co-signataires, bénéficia  très vite d’un large succès puisqu’il fut traduit en arabe, en catalan, en anglais, en italien et en français, si bien qu’une revue culturelle trimestrielle, El Manifiesto, vit le jour à la fin de l’année 2004.

Nous avions nous-même signé ce Manifeste malgré son titre assez suspect, tant il est évident que l’Esprit, tel que nous le concevons, est éternel et ne saurait « mourir ». Cependant, tout en étant conscient de ces contradictions, nous avions été sensible à la résistance au nihilisme moderne revendiquée par le Manifiesto.

Tout au long de son article Diego L. Sanromán s’applique à démontrer, de façon assez convaincante, l’influence exercée sur les promoteurs du Manifiesto par Alain de Benoist et la Nouvelle droite française.

Ce qui nous amène personnellement à réagir est le passage suivant : « Enfin, parmi les organismes signataires étrangers, on rencontre le mouvement littéraire italien Scuola Sagarana, de l’écrivain brésilien Julio Monteiro Martins (…) ; la revue trimestrielle française Contrelittérature, dirigée par Alain Santacreu. Cette dernière a été située par certains chercheurs à la périphérie de la nébuleuse de la Nouvelle droite [1] : de fait, quelques membres historiques du GRECE, comme Grégory Pons, ont collaboré de façon épisodique à ses pages. La convergence de Contrelittérature avec les propositions du Manifiesto apparaît évidente dans ces paroles de Santacreu : "Ce n'est ni à droite ni à gauche que l'on trouvera la contrelittérature mais en profondeur, sur la voie du cœur. Notre seule orientation est spirituelle car notre combat esthétique est une résistance métaphysique, une guerre sainte pour un retour à la verticalité de la littérature radicale, à l'essence de la littérature" [2]. On peut lire, souligne judicieusement Diego L. Sanromán, une déclaration de principes similaire dans l' Éditorial du premier numéro de la revue El Manifiesto contra la muerte del espíritu y la tierra ».

En réponse à ces allégations péremptoires, nous souhaitons faire la mise au point suivante : pour la contrelittérature, le paganisme est le catholicisme d’avant la révélation du Dieu d’Abraham à travers la Torah, les Évangiles et, de façon plus frontalière, le Coran. Aussi est-il proprement stupide de penser que nous pourrions souscrire au fondamentalisme anti-chrétien de la Nouvelle droite. Certains de nos collaborateurs anciens ont pu contribuer à des revues comme Éléments ou Nouvelle École mais, alors, ils n’engageaient qu’eux-mêmes. Inversement, il a pu se produire, en effet, que des auteurs appartenant à la Nouvelle droite aient pu contribuer à notre revue ( mais ce fut toujours sur des thèmes spécifiquement littéraires ou artistiques). Les rarissimes fois où il a été fait référence à la contrelittérature dans la revue Éléments, on prenait toujours bien soin de se démarquer de la soi-disant dimension « ultra-chrétienne » de notre revue, pour reprendre leur expression.

Il y a une incapacité métaphysique de la doctrine pagano-nominaliste de la Nouvelle droite qui nous la rend essentiellement étrangère ( même si nous éprouvons un certain respect pour la "droiture" intellectuelle de quelques très rares personnalités ).

Pour conclure : malgré son interprétation erronée de la contrelittérature, cet article de Diego L. Sanromán se montre fort perspicace en révélant la « récupération » des idées contrelittéraires par El Manifiesto, ce qui précisément était jusqu’ici ignoré ou volontairement passé sous silence. C’est dans ce sens que, d’une façon un peu « ironique », nous avions dédié la version espagnole du Manifeste Contrelittéraire ( paru en 1999 ! ) à messieurs Ruiz Portella et Alvaro Mutis [3]

 

NOTES

[1] Ici, la note XII donne l'adresse (d'ailleurs mal retranscrite) du site le Le grain de sable de Fabrice Trochet (hélas, l'entretien avec Bruno Deniel - le "chercheur" que cite le professeur Diego L. Sanromán - a été supprimé à la demande expresse de l'auteur. Information donnée par Fabrice Trochet).

[2] Ici, note XIII : " Entretien avec Alain Santacreu", La Une, N°47, janvier 2001.

[3] Devant la lourdeur (et la mauvaise foi) de certains lecteurs, nous avons préféré supprimer cette dédicace ironique. Pour information, Diego L. Sanromán n'a pas daigné répondre à la lettre rectificatrice que je lui avais adressée.

 

 

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